Inside Llewyn Davis.

Inside Llewyn DavisInside Llewyn Davis (2013) est le dernier chef-d’œuvre des frères Joel et Ethan Coen, le duo le plus polyvalent et le plus encensé du cinéma américain contemporain. Après leurs Raising Arizona (1987), Fargo (1996), The Big Lebowski (1998), No Country for Old Men (2007) et j’en passe, ils s’attaquent une fois de plus à un genre différent en explorant la scène folk new-yorkaise du tournant des années soixante. Avant même son arrivée en salles, Inside Llewyn Davis garnissait déjà les tablettes de nos disquaires avec sa bande originale admirable, petit témoignage de sa qualité. Vous avez probablement déjà vu Oscar Isaac quelque part, car il n’en est pas à son premier film, mais c’est après celui-ci que vous vous souviendrez vraiment de son visage… et surtout de sa voix! Secondé par Carey Mulligan, Adam Driver, Justin Timberlake et John Goodman, dont les personnages respectifs sont également inspirés de figures réelles du Greenwich Village pré-Bob Dylan, il est l’incarnation même de l’artiste solitaire en difficulté et le joue avec un magnétisme envoûtant. Trois ans après True Grit (2010), un western des plus originaux, les frères Coen sont descendus de leurs grands chevaux et surprennent de nouveau avec une production humble et gracieuse qui, toutefois, ne déroge pas de leur habituel humour cynique. De tous les films qui prennent l’affiche le jour de Noël cette année, Inside Llewyn Davis conquerra immanquablement les mélomanes comme les cinéphiles.

Suggestions : Comédie.

Scott Pilgrim vs. the World

Scott Pilgrim vs. the World (2010) d’Edgar Wright m’a tellement fait rire que j’en connais les répliques par cœur. Impossible de reconnaître toutes les références ou de comprendre tous les gags qui s’enchaînent à un rythme effréné dans ce film ; on n’hésite donc pas à le visionner une seconde fois (ou plus!). Je vous épargne les détails de l’histoire – elle se savoure beaucoup mieux quand on ne sait pas trop à quoi s’attendre – mais soyez prêts pour une aventure complètement ridicule et tout aussi charmante. Scott Pilgrim est l’incarnation même de la génération Y : approuvé par tous les hipsters de ce monde, adoré par les gamers, junkies des interwebs et dévoreurs de bandes dessinées. Du bonbon !

50/50 (2011) de Jonathan Levine fait positivement honneur à son titre en représentant l’équilibre parfait entre le drame et la comédie. J’attends toujours avec impatience le prochain film qui saura à la fois me faire rire aux éclats et pleurer à chaudes larmes. Joseph Gordon-Levitt témoigne de son talent en empruntant la peau d’un homme qui, à 27 ans, apprend qu’il est atteint d’un cancer. À ses côtés, Seth Rogen est fidèle à lui-même, mais plus attachant que jamais. Trop souvent sous-estimé, 50/50 prouve qu’il est possible d’aborder la maladie avec humour et caractère sans pour autant sacrifier une goutte d’humanité.

Little Miss Sunshine

Little Miss Sunshine (2006), réalisé par Jonathan Dayton et Valerie Faris, raconte le road trip d’une famille d’anti-héros dont la cadette, âgée de 7 ans, est en voie de réaliser son rêve le plus fou : gagner un concours de mini-miss. Leur escapade rocambolesque devient vite une thérapie de groupe inopinée et nous donne carrément envie de faire partie de ce clan dysfonctionnel qui, au fond, nous ressemble tous un peu. Little Miss Sunshine est une ode aux marginaux. Comme le dit si bien Alan Arkin (qui s’est d’ailleurs mérité un Oscar pour le rôle) : « A real loser is someone who’s so afraid of not winning he doesn’t even try. »

Tucker & Dale vs. Evil (2010) d’Eli Craig est un film indépendant canadien qui ferait rougir de honte Will Ferrell et Adam Sandler. Il s’agit aussi de la meilleure satire que j’aie jamais vue. Tucker et Dale sont deux adorables montagnards qui ne souhaitent que passer du bon temps dans leur nouvelle cabane en rondins… Mais leurs vacances de rêve entre gars sont gâchées à l’arrivée d’un groupe d’adolescents (ou plutôt, de stéréotypes ambulants) en spring break, qui se mettent à mourir violemment tout autour d’eux. Vous n’aviez jamais entendu parler de ce film ? Oubliez vos préjugés et allez mettre la main sur une copie. Je ne vous garantis rien de moins que l’hilarité totale.

The Hunger Games : Catching Fire.

Catching Fire

Catching Fire (2013), seconde partie de la populaire série The Hunger Games créée par la romancière Suzanne Collins, est une adaptation extrêmement fidèle du roman original. Tellement qu’on se demande si elle n’est pas encore meilleure; et on sait à quel point l’épisode central d’une trilogie peut souvent manquer de piquant. Ce n’est manifestement pas le cas pour celui-ci. Sous la direction de Francis Lawrence, qui n’en est pas à sa première adaptation après I Am Legend (2007), Catching Fire porte bien son titre et fera le bonheur des fans aguerris comme des indécis. La plus grande qualité de l’univers de The Hunger Games est d’être à la fois purement fantaisiste et intensément humain. Plus brutal et plus effréné que son prédécesseur, ce plus récent chapitre s’immisce dans les traumatismes profonds de ses personnages (même les plus cartoonesques) et met la table pour une finale alléchante en s’attaquant finalement au vrai sujet de l’oeuvre : la révolution. Véritable Che Guevara post-apocalyptique, la jolie et très talentueuse Jennifer Lawrence incarne encore une fois notre Katniss avec une élégance et une justesse inouïes. Avec Catching Fire qui rehausse la barre, cette nouvelle saga s’avère parfaitement propice à faire le deuil, une fois pour toutes, d’un certain jeune sorcier au front cicatrisé.

Thor : The Dark World.

Thor : The Dark WorldThor : The Dark World (2013) est évidemment une suite chronologique au premier Thor (2011), mais aussi à la méga-série filmique de Marvel – franchise par excellence des geeks de ce monde – dont le nombre déjà impressionnant de fans ne cesse de se multiplier à chaque année. On retrouve donc Chris Hemsworth pour une troisième fois dans l’uniforme du grand guerrier blond et, à ses côtés, la non-moins-séduisante Natalie Portman. Toutefois, on s’emballe surtout (pour ne pas dire uniquement) pour le retour de Tom Hiddleston dans le rôle de Loki, le vilain au sourire à tout casser qui avait brisé bien des cœurs dans The Avengers l’an dernier. D’ailleurs, l’image ci-contre n’a pas été choisie au hasard, car The Dark World serait foutrement insipide sans la performance de son  »God of Mischief ». On est donc beaucoup plus concerné par cette légendaire rivalité fraternelle que par la romance moyennement convaincante que le héros entretient avec sa dulcinée ou avec son marteau tout-puissant (sans mauvais jeu de mots). Ceci dit, ses inspirations mythologiques donnent à l’univers de Thor une richesse que les autres héros de Marvel ne peuvent se vanter de posséder : un ton épique digne de J.R.R. Tolkien et dont la séquence d’ouverture, narrée par Anthony Hopkins, tire un excellent parti. Bref, Thor : The Dark World n’est pas dépourvu de défauts, mais ne manque ni d’humour, ni d’action… Et n’oubliez pas qu’avec Marvel, on ne quitte pas son siège avant la fin du générique !

12 Years a Slave.

12 Years a Slave12 Years a Slave (2013) est basé sur les mémoires de l’afro-américain Solomon Northup. Si vous n’aviez jamais entendu son nom auparavant, il vous sera sans doute difficile à oublier après ce film. Sournoisement kidnappé en 1841 puis vendu comme esclave à de riches propriétaires de Nouvelle-Orléans, Northup a probablement vécu à l’époque la plus sombre de l’histoire des États-Unis : celle où un homme pouvait appartenir à un autre, et où un Noir n’avait pas plus de valeur aux yeux d’un Blanc qu’une vulgaire pièce de bétail. Il est indéniable que 12 Years a Slave soit l’œuvre la plus puissante et viscérale de Steve McQueen à ce jour. Loin d’être étranger aux sujets les plus durs, le cinéaste nous offre une petite leçon d’histoire difficile à avaler, certes, mais ô combien efficace! Son film témoigne des pires injustices que notre monde ait connu et ce avec éloquence, sans mélodrame inutile ni propos moralisateur, le tout capturé par des prises de vue toutes plus belles les unes que les autres. Chiwetel Ejiofor est parfait dans le rôle principal et donne carrément envie de s’agenouiller et de prier, aussi athée soit-on, pour l’âme de ceux qui ont eu le malheur de brûler à petit feu dans cet enfer qui a duré près de deux cents ans. Bref, l’authenticité est à ce film ce que l’extravagance était au Django Unchained de Tarantino : élégante dans toute sa brutalité. Steve McQueen et son équipe stellaire peuvent dire bonjour à leurs futurs Oscars.